On entend souvent des prosélytes vanter les propriétés des huiles essentielles dans les cosmétiques, parés alors de toutes les vertus supposées de ces dernières.
Fontaine de Jouvence, promesses miraculeuses… Qu’en est-il?

De quelles propriétés parlons-nous?

 

Organoleptiques et olfactives en particulier ?

Oui et non…si vous avez déjà parcouru le site, vous savez que le savon reste à l’air libre pendant 4 à 6 semaines avant d’être “vendable”. C’est ce qu’on appelle la “cure”, temps pendant lequel la saponification se termine.

 Même à l’ombre et dans une ambiance contrôlée, une huile essentielle “libre” va littéralement et progressivement se volatiliser:  les molécules de “tête”, les plus légères, disparaissant en quelques heures quand celles de cœur et de fond peuvent persister plus longtemps voir se transformer en résine (baume du tolu ou galbanum par exemple).

Evidemment, dans un cosmétique, les molécules odorantes sont pour certaines “accrochées” tout en pouvant se modifier (polymérisation, oxydation…etc.), ce qui en modifie aussi la perception.

Par exemple, un savon à l’huile essentielle de citron ne sentira quasiment rien au bout de 4 semaines…ce qui signifie que les propriétés éventuelles -liées aux molécules – se sont elles aussi dérobées.

Certaines techniques et ajouts permettent de fixer plus longtemps l’odeur, la conception du parfum d’un savon n’étant donc pas similaire à celle d’un parfum dans l’alcool.

 

Expérience:
  • Versez quelques gouttes d’huile essentielle dans une petite soucoupe et laissez là à l’ombre, au frais pendant 6 semaines.
  • Idem mais dans une soucoupe avec un peu d’huile de tournesol.
  • Gardez la même huile essentielle dans son flacon fermé, dans les mêmes conditions.
  • Sentez les 3 possibilités au bout de 6 semaines.

Sans mener l’expérience, vous voyez sûrement où je veux en venir.

Des propriétés “thérapeutiques”…

ou “toxiques” ?

Oublions les faiseurs de miracles, et restons raisonnables. Les cosmétiques servent à nous laver et prendre soin de notre peau, c’est déjà beaucoup.

On lit souvent sur différents sites des témoignages douteux manifestant l’effet immédiat sur l’acné qui durait depuis plus de 10 ans, ou encore sur le psoriasis qu’aucun traitement médicamenteux n’avait réussi à combattre, quand ce n’est pas le regain d’énergie par l’ingestion de 3 jours de potions magiques ou la migraine miraculeusement guérie à vie par la goutte d’huile essentielle de menthe poivrée appliquée là ou là…oulala!

Il est certain que l’abus de cosmétiques sur-parfumés, bourrés d’huiles minérales et autres particules en tout genre peut aggraver les problèmes de peau, d’allergie et d’inflammation voire engendrer des troubles endocriniens.

En réduisant cette exposition par l’utilisation d’un savon solide, surgras et sans parfum (ou avec un parfum raisonnable), en réduisant l’exposition aux perturbateurs endocriniens (parabènes, phtalates, mais aussi tous les emballages plastiques), ainsi qu’une moindre utilisation de maquillage/ peeling/  lessive parfumée / adoucissant parfumé/ parfum à même la peau…etc. Votre peau s’améliorera forcément.

C’est l’abus qui abîme, pas l’usage raisonné qui soigne.

Notre peau héberge une flore (ou microbiote ou écosystème) dont l’équilibre protecteur peut être rompu par de nombreux facteurs, comme tous nos organes en contact avec l’extérieur.

La sur-utilisation de produits parfumés en fait donc partie, mais aussi l’eau trop calcaire, la fatigue et le stress, certains textiles, la malbouffe…etc.

Au sujet des huiles essentielles, les molécules présentes sont “puissantes”, souvent antimicrobiennes et c’est pour cela qu’il faut rester vigilants et méfiants.

Aucune n’est présente en ces concentrations dans la nature. C’est la distillation, procédé d’extraction à la vapeur d’eau, qui transforme la plante en “huile essentielle + un hydrolat + déchets de distillation” (souvent appelés paille)

Le résultat est très dépendant du terroir, du temps et de la technique de distillation, de la variété pour certaines plantes…etc. Mais dans tous les cas, ce sont des “bombes chimiques” dont la réglementation est stricte dans les cosmétiques.

Comme écrivait, Jean Valnet, médecin phytothérapeute, en 1976 :”En dépit de son appellation évocatrice d’arômes champêtres, l’aromathérapie ne saurait être employée de manière fantaisiste. Ce n’est ni un gadget pour malades imaginaires ou motivés, encore moins une friandise pour petite fille modèle”.

Quant aux huiles de soins et onguents déodorants, ils ont aussi une destination et une fonction propre (nourrir et protéger la peau, réduire l’humidité pour le déodorant…etc.), avec la particularité de ne pas être rincés, ce qui représente une plus longue exposition au produits et un risque accru d’effets non souhaités (irritation, pénétration des molécules, allergie).

C’est d’ailleurs pour cette raison qu’Axonge n’utilise aucune huile essentielle dans la formulation de ses produits NON RINCES, et très peu dans celle de ses produits rincés.

La réglementation -si tatillonne puisse-t-elle paraître- est donc essentielle à la protection des plus influençables comme de l’environnement…

Au rythme actuel, l’expansion majeure de ce marché promet enfin une disparition programmée de nombreuses espèces, cueillies parfois sauvagement et sans respect des possibilités de renouvellement.

 

Bref, une vessie n’est pas une lanterne,
les allégations sont réglementées et un cosmétique n’est pas un médicament.

Si votre savonnier travaille dans le cadre réglementaire, vous devez savoir que toutes ses formules font l’objet d’une évaluation du risque toxicologique et sont déclarées à l’ANSM afin de pouvoir remonter au produit en cas d’allergie d’un utilisateur.

Les allergènes (d’origine naturelle chez Axonge, c’est-à-dire présents dans les huiles essentielles) sont obligatoirement mentionnés dans la liste des ingrédients, mais certains fabricants ne précisent pas toujours que ce sont des allergènes.

Certaines molécules sont aussi restreintes à une quantité maximale ou tout simplement interdites, selon des standards édités par l’IFRA (International Fragrance Association).

Le risque est donc présent par définition, mais il est réduit au maximum dans les conditions normales d’utilisation (il ne faut pas manger son savon, ni se laver les yeux avec :)))).